Ultra Trans Aubrac

Le 30.04.2017, par DamienG-c52, 4 commentaires


Me voilà de retour de ma petite virée, accompagné de femme et enfant dans le but de me suivre sur ce qui à été mon premier ultra trail.
Je reviens sur cette course en écrivant avec mes mots et je m'en pardonne d'avance car ce sera mon premier récit. (Certes un peu long)

Premier grand RDV de la saison pour moi, c'est avec 3 mois d'entrainement acharné que je me lance à la conquête de l'Aubrac pour son Ultra Trans Aubrac. Ce sera seulement après avoir accompli ses 105km pour 3800m de D+ que je rentrerais peut-être dans cette famille des 100 bornards à pied!

Un départ le vendredi matin, histoire de rejoindre le mobil-home loué à 200 mètres du point d'arrivée, du sur-place quoi!!.
Arrivé à 15h, nous avons 1h d'avance pour le retrait de dossard...tip top, on s'installera
tranquillement pour enfin rentrer un peu plus dans la course 1 h après. Le dossard retiré, les sourires et encouragements des bénévoles emmagasinés, retour au bungalow....du travail m'attend. 1 heure m'aura permis de préparer l'ensemble de mes victuailles de course, s'en suivra le petit débriefing avec ma compagne, lecture de carte pour les points de ravitaillement, l'organisation avait fait ça vraiment bien et nous à grandement facilité le travail. 21H arrive, après un bon repas, au dodo...le réveil sonnera à 3h.

Petit déj. de sportif déniché sur le net! je découvre, donc je puise les infos là où je peux. Je me charge en protéine et un gâteau sport après me vlà paré à digérer les 3 h qui suivrons avant le départ. Je peux alors m'occupé de réveiller la petite famille et m'occuper du fiston...méchant papa! Départ à 4h30 pour rejoindre le point de départ à 30 min du point d'arrivé. 5H pointage des sacs à dos, le stress monte mais c'est finalement très confiant que je quitte mes deux compères pour rejoindre le point de départ à 15 min de marche. Monté au château de Bertholène, laissé ouvert pour nous donner ce départ féérique accompagné d'un feu d'artifice et d'une ambiance de feu. GOGOGOGO.

Première étape de 25 km assez "soft" en dénivelé pour démarrer avant le premier ravitaillement situé à st Côme. C'est à la lueur des 400 frontales que nous démarrons notre pèlerinage, ça part très fort, 80 coureurs sont en relais pour cette course donc vaut mieux ne pas chercher à les suivre. Il sera difficile de savoir où l'on en est au milieu de tout ce monde. Autant prendre un rythme connu me dis-je, la route est encore longue...
Le soleil nous rattrapera vite et ne nous lâchera plus de la journée d'ailleurs. Un temps tip top pour courir, l'imper enfilé pour se protéger de la fraicheur matinale sera vite remis au sac. 2h20 me seront nécessaire pour rejoindre St Côme ou femme et enfant m'attendent. Je m'arrêterais là pendant 10 minutes histoire de recharger le sac, enfin presque, manger quelques fruits secs présents sur les tables et vite...au pointage. Je repars 28ème de ce premier ravito, mais il me faudra faire demi-tour au bout de 5 minutes...mes flasques sont vides et je pars pour 30 km sous le soleil levant, je décide de faire demi-tour, mon inexpérience se fait sentir dès le premier ravito mais tant pis. Un spectateur accepte de refaire le plein au ravito pour moi et me vlà reparti.

Etape 2, de 30 km....de grimpette. Il nous faudra rejoindre laguiole. Kilomètre 35, les jambes commençant à me taquiner. C'est bonne heure!!! Va falloir se détendre un peu. Ayant l'habitude de vivre cela à ce nombre de kilomètre, je me réconforte en me disant que ça passera forcément. Kilomètre 45, tout rentre dans l'ordre et je reprends un rythme de début de parcours, tip top. Les côtes sont belles et nous offre enfin quelques jolis points de vue, nous prenons de l'altitude, le plateau n'est plus très loin. Sortie d'une côte je décide de me changer face au soleil qui se met à cogner. Un spectateur viendra m'aider à enlever tout mon accoutrement, sympa, transpireux comme j'étais! Vraiment excellent cette ambiance qui règne le long des chemins aveyronnais. Un village approche, quelques personnes sont présentes et après un rapide coup d'œil je me rends compte que je suis certainement à laguiole. Je croiserais enfin ce taureau, dont il est de réputation qu'il faut lui caresser
les "couilles" pour se porter bonheur et là, un ancien du village m'interpellera pour me souhaiter bonne route et me dire que je finirais forcement à St Geniez d'Olt!!! Merci monsieur, je l'espère... Arrivé au ravito, mes 2 suiveurs sont là, je m'y arrêterais 30 min pour y manger un bout, prendre soin de mes pieds et surtout de mes genoux, dont le dessous des rotules commençant à être douloureux. Pommade anti-inflammatoire, doliprane et bombe de froid me remettrons vite sur pied. C'est en 4h10min que j'aurais effectué ces 30kms et pointerais en 24ème position au départ de laguiole.

Etape 3, de 20 km...de grimpette vers le plateau et station de ski de l'Aubrac. Ce sera là, la plus belle partie, celle qui m'a attiré via les photos que j'ai pu voir de ce coin que je ne connaissais pas du tout. De vastes étendues, parsemées de quelques rocs, avec au milieu de rien, ces fameux burons. Genre de bergerie typique du secteur, fais de pierre. C'est d'ailleurs
au burons des bouals que le prochain ravito se tiendra. 10 km passent et j'entends chanter... c'est mon fils au loin que j'entends crier: -"allez papa, allez papa, allez!", mon petit bout de 2 ans 1/2 vient d'apprendre grâce à maman comment donner la meilleure des motivations qu'un père puisse connaitre. C'est complètement reboosté que je reprends ma route, dans le pas d'un UTMBiste. Nous ferons près de 15km ensemble sans même nous présenter, mais sans jamais se lâcher. Ça doit être l'effet ultra, marre d'être seul!! Je le distancerais malheureusement dans une des dernières longues ascensions, suite à des problèmes gastriques pour lui. S'entame alors une belle descente vers le burons pour ce 3ème ravito atteint en 2h50min. J'y prendrais 20 min assis à une table comme j'en ai jamais vu lors d'autres trails...un vrai festin, jonché d'une déco qui laisse imaginer le temps passé par tous ces bénévoles. Ils sont là pour nous faire plaisir, on le ressent vraiment, ce sera d'ailleurs des grands mercis que je leur lancerais à chaque croisement de route. Après re-bichonnage de mes genoux, qui finalement ne se portent pas si mal, je repartirais confiant pour cette dernière étape et pointe alors en 18ème position.

Etape 4, de 30km...principalement de descente mais il nous reste 600 mètres de D+ réparti sur 3 côtes qu'il nous faudra franchir à 4 pattes. Les coquins, c'est dré dans l'pentu qu'on effectuera à chaque fois ces 200 mtrs de D+, ça pique, je commence même à
rattraper des coureurs du 50km partis de laguiole, des gens à bout, assis sur des cailloux. C'est dur, mais les descentes qui s'enchaînent sont des plus belles, je me croirais sur mon vtt, d'ailleurs quelques secteurs si seraient vraiment prêté. Nous passons là vers de superbes cascades dont j'ai oublié le nom, mais qui m'obligerons à y faire des pauses, un peu de contemplation n'a jamais fait de mal, le temps même de se rafraîchir un peu les genoux, ça fait du bien, l'eau y est très fraiche. Je croiserais là ma chérie, venue pour me ravitailler en eau le long de cette longue étape. Le plus dur est derrière, reste à finir. J'attraperais malheureusement un gros point au foie qui me fera finir dans la douleur, surtout le long des dernières grosses descentes. Déçu de ne pas pouvoir en profiter pleinement, je trouve le moyen d'atténuer la douleur en appuyant très fort sur la zone. La course peut reprendre afin d'atteindre ce vallon dont coule au fond une rivière qui semble être la dernière ligne droite avant St Geniez d'Olt, village d'arrivée. J'ai lu dans bons nombres de récits que ce chemin était long, mais que sans s'y attendre, on sortirait de ce trou directement au cœur du village. Je m'accroche à ces quelques lignes et oublie tous les maux. Je vois la lumière au bout de ce trou, rattrapé par la fraicheur de début de soirée, quand apparaît enfin le pont que j'avais visité la veille, après y avoir vu diverses banderoles. Ça y est, on m'indique qu'il reste 2 kms dans le village à effectuer. L'émotion monte, les sourires et encouragements des personnes présentes boostent pour finir en beauté. J'aperçois alors le camping où nous dormons, il reste 300 mètres et c'est au détour d'une petite ruelle, que le gymnase apparait, avec au bout mes deux fidèles, ma femme qui filme ce moment, et mon fils, qui court en ma direction et me saute dessus en criant "allez papa"...je passerais là 1 minute à savourer l'instant, à remercier ma femme, à embrasser mon fils avec qui je passerais la ligne.

Je terminerais cet ultra trans aubrac en 13h 21min et pointe à la 14ème place à l'arrivée, sur les 321 participants à cette course.
Satisfait et surtout heureux de cette aboutissement, c'est plein de larmes que je vivrais le moment, entouré de mes suiveurs au top.
Equipe de choc qui m'aura mené, coûte que coûte, jusqu'au bout de mon rêve.