Équipement ACONCAGUA.

Le 07.01.2017, par FabienO-ebb, 6 commentaires


Équipement ACONCAGUA.

 

Suite au premier article « questions pour l’Aconcagua », il nous a été demandé de partager notre démarche de choix du matériel spécifique à cette expédition. Il est clair que nous n’avons rien inventé et que nous avons fait appel à l’expertise des personnes compétentes en la matière.

 Les choix ont pour but de s’armer contre les trois adversaires principaux : le froid (et le vent), la déshydratation et l’hypoxie.

 

-- Le froid :

nous allons passer deux semaines dehors, soumis à des températures entre 0° et moins 25°selon l’altitude et la période jour/nuit, s’il n’y a pas de vent. Si Eole s’y met, le ressenti peut descendre jusqu’à moins 50° s’il fait moins 20° avec un vent de 50 km/h, ce qui est loin d’être rare sur le massif.

Autant dire que nous n’avons pas lésiné sur la qualité des duvets, des doudounes, les chaussures « grand froid » (avec chaussons amovibles + guêtres intégrées), les sous-couches pour les périodes statiques et des gants bi-couches.

Il est aussi conseillé, dans les périodes d’efforts de jongler avec les couches pour limiter au maximum l’accumulation de transpiration qui peut devenir une ennemie lors des pauses. La brièveté des cheveux fait partie de la même précaution.

Nous avons retenu le conseil du duvet trop grand pour pouvoir y loger les chaussures afin de ne pas les retrouver à moins 20° au petit matin.

Mais aussi l’intérêt d’avoir plutôt deux caleçons en grammage 200 qu’un seul en 400. Et si tout ça est fendu à l’entre jambe, ce n’est pas plus mal pour les moments d’exonération. Détail qui parait dérisoire mais qui s’avérer gagnant quand on n’a pas d’oxygène à revendre et que trois fois rien devient quatre fois trop.

Contre le froid et surtout contre le vent il faut aussi des tentes. Nous avions prévu au départ d’en prendre trois : deux pour les couchages et une pour le matériel monté et laissé au camp supérieur. Pour finir nous n’en prendrons que deux et on stockera le matériel dans des sacs poubelle testés pas des pierres et qui auront moins de risques de se faire arracher par les rafales.

 

--La déshydratation :

nous avons estimé nos besoins quotidiens en eau pour les quatre à 20 litres. A lutter contre le froid, à faire 8 heures d’efforts par jour sans compter l’effet de l’altitude (air plus sec), les besoins en eau sont importants. Le retard d’hydratation est source de fatigue et aggrave les effets de l’hypoxie.

Le plus dur est d’arriver à boire quand le MAM (mal aigu des montagnes) vous procure nausées et maux de tête. Il faut donc se forcer à boire avec pour objectif de garder un volume urinaire suffisant : plus clair tu pisseras, plus facile l’Aconcagua te paraitra.

Pour produire 20 litres / jour, on peut passer des heures et des recharges de gaz à faire fondre de la neige. On ne peut pas se charger de bouteilles d’eau achetées au camp de base que nous quitterons pour 7 jours, soit 140 kg qui vont geler et être source de déchets à redescendre.

Finalement nous avons opté pour l’achat d’une pompe filtrante manuelle MSR Guardian pro qui sera moins lourde (500g) et dont le prix (300) sera compensé par l’économie en gaz et de bouteilles d’eau au camp de base.

Les tablettes désinfectantes resteront de mise pour limiter le risque d’accélération des transits.

Nous nous sommes tous munis de 20 sachets lyophilisés aux noms tous plus enchanteurs les uns que les autres, mais on ne doute pas un instant que nos espérances gustatives risquent de déchanter.

 

--L’hypoxie :

c'est-à-dire le manque d’oxygène dans le sang du fait de la baisse de la pression d’O2 dans l’air (PaO2).

Quand la PaO2 est à 160 au niveau de la mer, elle est à 125 à 2000m, à 97 à 4000m, 87 au niveau du Mont Blanc, 74 à 6000m, 65 à 7000m et 49 à l’EVEREST 8848m.

Soit une diminution de 1/3 à 3200m, de ½ à 5500m et des 2/3 à l’Everest. Pour ce qui nous concerne nous devrons tourner en moyenne sur un poumon, mais pour ceux qui en ont déjà trois au départ, c’est moins gênant ;-)

Pas assez d’oxygène ça veut dire obligation de s’adapter en accélérant le cœur et le rythme respiratoire. Mais le cerveau trinque aussi avec une infiltration du cerveau du fait des modifications de pression = MAM avec mal de tête, nausées, insomnies, apnées du sommeil devraient être incontournables mais minimisables si le dénivelé entre deux étapes n’excède pas 500m de D+ par jour ou 1000m sur 2 jours, c'est-à-dire 1000 d’un coup suivi d’un jour de récupération.

Ce qui peut être plus grave, sinon gravissime, ce sont l’œdème cérébral (comportement anormal, vomissements, mal de tête non calmable par les antalgiques puis coma) et l’œdème pulmonaire (sensation d’étouffement, lèvres violettes, respiration sifflante et désaturation).

Nous avons fait le choix de louer un caisson hyperbare, seule arme temporairement efficace contre ces deux complications et pouvant permettre une régression des signes pour une redescente obligatoire.

Le prix à payer pour la sécurité c’est 600 euro (1 mois de location) et 5 kg de plus sur le dos.

A noter que pendant que le locataire du caisson se refait la cerise en redescendant d’un coup de 2500m, ce n’est pas par l’opération du St Esprit, mais par l’intervention de ses petits copains qui doivent se relayer pour pomper afin d’entretenir la surpression. C’est donc forcément une solution temporaire.

La trousse d’urgence comprendra aussi des corticoïdes injectables et de la Ventoline*.

 

 Tel est l’état des lieux de notre réflexion à 5 jours du départ.

Peut-être aurons-nous l’occasion de vous faire part à notre retour de ce qui était indispensable, de ce qui était superflu et de ce qui nous aura manqué ?

 

Cafistement votre.

 

FYYC